CHIISME ET SUNNISME: QUE FAUT-IL COMPRENDRE?
Le Chiisme
et le Sunnisme sont deux des plus importants courants qui composent l’Islam.
Ils sont apparus au lendemain de la disparition du Prophète Mouhammed[1](SAW).Ces
divergences sont nées de la volonté de ces deux clans de succéder celui-ci
aussi bien dans sa fonction religieuse que politique. De nos jours, ces
clivages ont pris une autre tournure et finissent souvent par l’affrontement
armé.
Cependant,
il existe un très grand fossé entre les deux, aussi bien dans le domaine
culturel que religieux. Et maintenant, dans beaucoup de parties du monde, ils
se disputent le leadership et prennent la religion comme prétexte pour mener à
bien leurs manœuvres respectives. Manœuvres qui ont souvent abouti à des conflits armés et
ont fait des centaines de milliers de victimes d’une part et d’autre. La guerre
entre les deux branches principales de l’islam, guerre entre deux islams au nom
de divergences et de différences dogmatiques, est désormais rallumée et ne
s’éteindra pas de sitôt. On assiste chaque semaine au Pakistan à des attentats
contre des lieux de culte appartenant à l’une ou l’autre branche.
Cette guerre
se déplace en Inde où s’affrontent également sunnites et chiites, en Irak où la
guerre civile qui ne dit pas son nom est aussi un combat entre les deux
appartenances, au Liban et à Bahreïn, où la révolte est suspectée d’être plus
une rébellion de chiites que d’affamés de liberté. Cela dit, les chiites de
Bahreïn, citoyens de seconde zone, se sentent aujourd’hui le courage de relever
la tête depuis que l’Iran est derrière eux. L’affrontement se propage au Yémen,
où les minorités chiites, soutenues et armées par l’Iran, tiennent tête au
pouvoir central et à l’armée saoudienne en 2009 ; en Syrie où, à l’inverse, les
troubles pourraient bien être téléguidés par des sunnites contre le pouvoir
alaouite, et donc chiite, en place ; il s’étend même à l’intérieur de la Chine,
où une cinquantaine de millions de musulmans se concentrent dans le Xinjiang et
le Ningxia, le pays des Hui, dont une petite minorité de chiites. Malgré leurs
divergences, ces courants ont toujours réussi à survivre à leurs différents
conflits et continuent de pérenniser leurs apprentissages et pratiques
religieux.
I- Le Chiisme
En mars 632,
la mort du Prophète pose tout de suite la question de la succession.
Soudainement tombé malade, Mouhammed n’a en effet pas eu le temps de désigner
formellement son successeur. Trop absorbé par les conquêtes militaires et par
la prédication, il n’a préparé ni les institutions ni les hommes qui devaient
poursuivre son œuvre. «Vous êtes les mieux à même de connaître vos
affaires ici-bas », disait-il. Le Coran ajoute : « Muhammad n’a jamais été le père de l’un d’entre vous. » (Sourate
33, verset 40.) Ce qui voudrait dire que la charge dynastique est totalement
absente. Bien avant la scission entre chiites et sunnites, il était évident que
ce vide juridique et politique serait fatal à la communauté (Oumma), en
pleine expansion : l’absence d’institution politique ou spirituelle capable de
gérer les problèmes de territorialité du pouvoir dans les différentes provinces
conquises se fait cruellement ressentir. Certes, les musulmans disposent du
Coran et de la Sunna, mais
ces deux instruments s’avèrent inutiles lorsque la parole est donnée aux armes.
Cette situation sera à l’origine des grandes divisions au sein de l’islam :
sunnites et chiites deviendront frères ennemis et irréconciliables.
A- Les
caractéristiques du chiisme
Les chiites
ne reconnaissent, dès l’origine, que la descendance directe d’Ali. Le dogme
chiite ne se précisera que par la suite, grâce notamment au sixième imam,
Jaafar al-Sadik (703-765), qui fut à l’origine de la doctrine centrale du Naas
selon laquelle chaque imam doit désigner explicitement son successeur
conformément à la volonté divine. C’est également à son époque que le concept
de Taqiyya,
pratiqué dès la mort d’Ali, se formalise : cette doctrine autorise le croyant à
dissimuler sa véritable foi et à se dispenser des prescriptions du culte
lorsqu’il est en danger. Cette pratique apparaît légitime au regard des
constantes persécutions que subissent les communautés chiites dès leur origine.
Elle s’inscrit dans le statut chiite d’éternel persécuté en attente du
rétablissement de la justice par la venue du Messie.
L’échec
politique du chiisme est en effet un de ses éléments constitutifs : il justifie
à la fois le thème de la martyrologie et l’attente d’un triomphe dans l’au-delà.
Après Hussein, fils d’Ali et troisième imam, le chiisme en verra se succéder
neuf autres jusqu’à la dernière étape de la formation du chiisme duodécimain,
la constatation de la disparition du douzième imam, Muhammad al-Mahdi, en 874,
à l’âge de cinq ans. La présence d’un imam étant nécessaire au monde, les
théologiens concluent à l’« occultation » de celui-ci qui, de manière invisible,
guide la communauté.
Les fidèles
attendent depuis lors le retour de l’imam occulté, caché, qui amènera avec lui
justice et bien-être sur terre. Viendront ensuite la fin du monde et le temps
du Jugement dernier. Les différentes appartenances apparaissent donc dès le
quatrième imam, dont le fils, Zayd, va lui aussi, aux yeux de ses partisans,
non pas mourir, mais être occulté, d’où le nom de ces Nord-Yéménites qu’on
appelle les zaydites. Mais les duodécimains, ainsi nommés pour leur croyance au
retour du douzième imam, représentent la majorité des chiites. Entre les deux
occultations, les théologiens étoffent les doctrines du chiisme : ils
établissent notamment le corpus de base des hadiths duodécimains. Les chiites
reconnaissent la Sunna, mais certains hadiths qui la transmettent leur sont
propres. De même, chez les chiites, la chaîne des garants, sorte de preuve
d’authenticité des hadiths, remonte systématiquement aux imams, tandis que les
sunnites admettent pour garants des compagnons du Prophète. Il s’ensuit un
corpus de textes doctrinaux différent entre les deux branches. Attentifs aux
débats dogmatiques, les chiites se prononcent sur l’ensemble des thèmes sujets
à polémique. Ils considèrent que les attributs divins font partie de l’essence
divine ; l’apparence physique de Dieu est à prendre au sens métaphorique. Sur
la question de la vision de Dieu, les chiites considèrent, à l’inverse des
sunnites, que le croyant ne peut le voir, même dans l’au-delà. En outre, ils
s’écartent également de l’orthodoxie en affirmant que l’homme est libre et
responsable de ses actes.
B- Les
principes fondamentaux du chiisme
Ø
Les imams et pratiques du chiisme
Le chiisme est cependant caractérisé par un certain
nombre d’éléments qui lui permet de se
différencier du sunnisme. Il s’agit des différents courants qui le composent.
Ces courants sont portés par les imams qui se sont succédé après la mort d’Ali.
Après
Hussein, fils d’Ali et troisième imam, le chiisme en verra se succéder neuf
autres jusqu’à la dernière étape de la formation du chiisme duodécimain, la
constatation de la disparition du douzième imam, Muhammad al-Mahdi, en 874, à
l’âge de cinq ans. La présence d’un imam étant nécessaire au monde, les
théologiens concluent à l’« occultation » de celui-ci qui, de manière
invisible, guide la communauté. C’est ainsi que se succèdent Ali fils de
Hussein, dit Zein al-Abidine (658-713), quatrième imam, dont le fils Zayd
donnera naissance aux zaydites, Mohammed al-Bakir (676-743) le cinquième,
Jaafar as-Sadiq (703-765) le sixième, dont le petit-fils Ismaïl sera à
l’origine des ismaéliens qui formeront la dynastie des Fatimides. Viendront
également Musa al-Kazim (745-799), Ali Ar-Rida (765-818), Mohammed al-Jawad
(810-835), Ali al-Hadi (827-868), Hassan al-Askari (846-874), le onzième, qui
sera à l’origine des alaouites par l’intermédiaire d’Ibn Nusayr Namiri, et
enfin, le douzième imam, Muhammad al-Mahdi (869-), « occulté » en 874. Les
fidèles attendent depuis lors le retour de l’imam occulté, caché, qui amènera
avec lui justice et bien-être sur terre. Viendront ensuite la fin du monde et
le temps du Jugement dernier. Les différentes appartenances apparaissent donc
dès le quatrième imam, dont le fils, Zayd, va lui aussi, aux yeux de ses
partisans, non pas mourir, mais être occulté, d’où le nom de ces Nord-Yéménites
qu’on appelle les zaydites. Mais les duodécimains, ainsi nommés pour leur
croyance au retour du douzième imam, représentent la majorité des chiites.
Entre les deux occultations, les théologiens étoffent les doctrines du chiisme
: ils établissent notamment le corpus de base des hadiths duodécimains. Les
chiites reconnaissent la Sunna, mais certains hadiths qui la
transmettent leur sont propres. De même, chez les chiites, la chaîne des
garants, sorte de preuve d’authenticité des hadiths, remonte systématiquement
aux imams, tandis que les sunnites admettent pour garants des compagnons du
Prophète. Il s’ensuit un corpus de textes doctrinaux différent entre les deux
branches. Attentifs aux débats dogmatiques, les chiites se prononcent sur
l’ensemble des thèmes sujets à polémique. Ils considèrent que les attributs
divins font partie de l’essence divine; l’apparence physique de Dieu est à
prendre au sens métaphorique. Sur la question de la vision de Dieu, les chiites
considèrent, à l’inverse des sunnites, que le croyant ne peut le voir, même
dans l’au-delà. En outre, ils s’écartent également de l’orthodoxie en affirmant
que l’homme est libre et responsable de ses actes. Dissident par rapport à
l’orthodoxie sunnite, le chiisme a lui-même engendré plusieurs sectes
minoritaires. C’est le cas de l’ismaélisme et de ses sous-sectes, apparues vers
762, au début du règne des califes abbassides.
Pour les
ismaéliens, la succession des imams s’achève avec le septième d’entre eux,
Ismaïl, fils de Jaafar al-Sadik. L’approche religieuse des ismaéliens, ésotérique,
implique une séparation entre initiés et non-initiés. A ces derniers, Muhammad
aurait révélé uniquement la charia, tandis qu’aux initiés Ali enseignerait son
sens caché. Ce principe implique une interprétation constante du Coran destinée
à en révéler le sens profond.
Les
Fatimides, apparus vers 890 au Yémen, s’implantent avec succès au Maghreb et
fondent d’ailleurs une dynastie bicentenaire dans la ville du Caire, permettant
pour la première fois au chiisme d’accéder à une position dominante sur la
communauté sunnite.
Après la
prise de Bagdad par les Mongols en 1258, c’est également au Caire que se
réfugient les survivants de la dynastie abbasside. Vingt et un califes s’y
succèdent alors avec un rôle purement symbolique, jusqu’à de
l’Egypte par le sultan ottoman Selim 1er en 1517.
Bien
d’autres sectes voient le jour, tels les druzes et les nusayrîs; le druzisme
date du règne du calife fatimide al-Hakim (986-1021). Cette doctrine porte le
nom de son fondateur, Mohammed al-Darazi ; elle admet le fait que Dieu peut se
manifester régulièrement sous forme humaine (maqâm), et que son
incarnation la plus importante est précisément al-Hakim. Persécutés par les
sunnites, les druzes se réfugient au début du XIe siècle dans les montagnes du
Hauran en Syrie et du Chouf au Liban. Ces communautés survivront jusqu’à nos
jours et sont encore dynamiques au Proche-Orient. L’émergence de doctrines
dissidentes représente plus souvent un moyen d’opposition politique, ethnique
ou nationale au pouvoir central du calife, qu’une réelle révélation divine. Dès
le Xe siècle, le chiisme incarne par exemple les aspirations nationales de
l’Irak et de l’Iran vis-à-vis de la Syrie dominatrice.
Ø
Le Tazieh
Le Tazieh est un mot d’origine arabe qui
signifie « témoignage de condoléances »
et qui Correspond dans l’islam chiite au jour anniversaire de la mort de
Hussein, troisième imam deschiites.Le Taziehdésigne
en Iran une cérémonie religieuse populaire célébrée sous forme de pièce
dethéâtre, avec dialogues chantés et déclamés. Le Tazieh existe ailleurs qu’en Iran : on a relevé desmanifestations
analogues dans le village chiite de Nabawiya au Liban, ainsi qu’en Inde, où vitquelque
dix millions de chiites.Le Tazieh est une passion (au sens de la Passion du
Christ) qui a pour sujet le martyre de saintspersonnages et le deuil déchirant
que ce martyre entraîne. Il se joue à travers un importantrépertoire de plus de
deux cents sujets, transmis à travers les siècles par des auteurs anonymes.
Laplupart de ces passions présentent l’histoire d’un des membres de la très
nombreuse famille des descendants du prophète Muhammad et d’Ali.
La fonction
du Tazieh est triple : éducation,
transmission, célébration. Il assure un des pôles de l’éducation religieuse :
il est vu et connu par tous les Iraniens, dès l’enfance, au sein du cadre
familial et scolaire. Sous contrôle du pouvoir religieux, il est une des
cautions de l’orthodoxie chiite. Si le Tazieh est bien un art de l’islam
chiite, il existait avantl’islam : on jouait déjà à l’époque préislamique des pièces racontant l’histoire de Siyavush, un héros légendaire de la
haute antiquité iranienne, qui porte le nom de Siyavarshan dans l’Avesta,
le livre saint des zoroastriens.
Le contexte
et les conditions de la mort tragique de ce prince iranienassassiné à la suite
d’un infâme complot, firent de lui un martyr et entraînèrent un deuil
déchirant. Cette légende est racontée par Ferdowsi (940-1020) dans son Shahnameh,
un monumental Livredes Rois. Ce conservatoire de la mémoire iranienne
n’est pas le premier ouvrage de ce genre, mais c’est le plus achevé. Ferdowsi,
relatant cette légende, décrit le peuple iranien vêtu de noir, portant le deuil
de Siyavush.
La tradition
du deuil déchirant, le goût pour les scènes épiques relatées sous forme de
narration, bien présents dans le Shahnameh, se perpétuent à l’époque
islamique dans leTazieh. Le Tazieh assume également la fonction de
transmission de la mémoire collective du peuple iranien. Aujourd’hui encore, ce
peuple vêtu de noir porte toujours, sans en avoir conscience, le deuil de
l’imam Hussein. Il participe de l’éloge des imams : à l’avènement du chiisme
iranien, les mollahs ont fait de l’imam Hussein l’incarnation du pays. En sa
qualité d’héritier spirituel de ce dernier, chaque imam chiite iranien
bénéficie implicitement des retombées de sa considération.
A travers
les siècles, cet événement historique devient sujet de célébration, puis a
évolué vers la commémoration, puis vers la représentation de drames sacrés.
C’est probablement durant les années qui suivirent la mort de Hussein, soit dès
la fin du VIIe siècle, que les célébrationsde son martyre ont commencé. Au XIIe siècle, lorsque le pouvoir
des Seldjoukides, musulmans sunnites qui envahissent l’Iran en 1037,
s’affaiblit, des célébrations ont lieu au sein des assemblées, lors desquelles
des récitants rappellent les souffrances et les vertus des gens de la maison
d’Ali.
Ø
Le Sigheh ou
mariage temporel
Il existe
une différence fondamentale dans la conception du couple entre sunnites
etchiites : la pratique chiite du mariage temporaire, appelé mout ‘a en arabe et Sigheh en
persan.Pour les sunnites, cette forme d’union aurait été interdite par le
Prophète ; les chiites attribuentcette interdiction à Omar, le deuxième calife.
Mais d’aucuns considèrent qu’elle est nulle et nonavenue dans la mesure où
aucun homme n’apas le pouvoir d’interférer sur un droit religieux. C’estainsi
que ce type de mariage perdure.
Le Sigheh consiste en un accord oral entre
un homme et une femme. Le mariage peut durer uneheure, un jour, un mois, un an
ou plus. Moyennant une somme payable à l’avance, la femme sedonne à l’homme
pour la durée choisie. A son terme, le mariage peut être renouvelé. La dot (mahr) est nécessaire, même si elle est
symbolique. Son paiement et la durée du contrat sont les deuxéléments
essentiels de ce type de mariage. Les enfants nés de cette union ont droit à
l’héritage deleurs parents et doivent être reconnus et entretenus par leur
père.
Par le biais
du Sigheh, l’homme et la femme
peuvent s’offrir l’un à l’autre tout en respectant laloi islamique.Alors, pour
satisfaire tous les milieux, la loi tente de s’adapter en offrant deuxvariantes
: lemariage temporaire non sexuel et le mariage temporaire sexuel.Lors de la
signature du contrat temporaire, la femme peut insérer une clause stipulant
qu’il n’yaura pas consommation du mariage. Ainsi, les familles très pieuses y
recourent pour laisser auxfuturs époux le temps de se découvrir, avant un
éventuel mariage permanent.
La femme
peut, enrevanche, changer la clause à tout moment et transformer l’union en
mariage sexuel. Lorsque cela alieu, il n’est plus possible de revenir à
l’option non sexuelle par la suite.Le mariage non sexuel est aussi utilisé pour
s’assurer que les relations avec des hommes sedéroulent sans péché. Ainsi, les
femmes qui se trouvent travaillé aux côtés d’hommes avec lesquels elles n’ont
pas de lien de parenté peuvent y recourir. Il est également pratiqué dans de
petits villages, où les personnes sont amenées à se croiser souvent, ou encore
lorsqu’une femmedésire de lever son voile devant les hommes de la famille de
son gendre ou de sa belle-fille sans sesentir pécheresse. Dans ces cas, le
mariage peut ne durer que quelques minutes.N’impliquant pas la perte de la
virginité, le Sigheh non sexuel n’influence pas l’image de la femme qui l’a
contracté. Le mariage temporaire sexuel, en revanche, employé pour les
mêmesraisons que la polygamie et communément appelé «mariage de jouissance », est différemment perçu.
Dans la
doctrine chiite, le plaisir est son seul objectif.Base de la famille, qui est
la plus importante institution sociale, le mariage permanent estnécessaire à la
fondation d’un foyer, synonyme d’amour et de stabilité. Il implique une
solidarité etun partage constants entre les époux ; au contraire du mariage
temporaire où, dès le début, l’hommedéclare à sa femme qu’il l’a choisie pour
une durée déterminée au-delà de laquelle elle n’aura plusrien à attendre de
lui.
C- Les
différents courants du chiisme
v Les
Duodécimains
Les Duodécimains
الاثناعشريةcroient
que Mahomet a assigné à Ali le Califat après sa mort et à l'existence de douze
Imams infaillibles, qui ne sont ni prophètes (nabī), ni
messagers
(rasūl),
mais ils relaient le message de Mahomet. Le douzième Imam occulté : Al-Mahdi
est un descendant de la famille du Prophète. Selon eux, Al- Mahdi apparaîtra à
la fin des temps et précèdera la seconde venue de Jésus le Messie "descendant
du ciel soutenu par deux anges", qui vaincra l’antéchrist. Tous deux combattront le
mal ensemble pour instaurer la justice.
v Les
kharijites
Les Kharijites
الخوارجou Ibadites
sont
les puritains de l’Islam. Ils refusent l’arbitrage entreAli, leur Imam, et
Muawiya le Calife à Damas, lors de la bataille de Siffin en 657. Aussi
sesont-ils dissociés d’Ali, lui reprochant de s’être soumis à l’arbitrage
qui appartient à Dieu.En effet, cet arbitrage était une ruse montée par son
adversaire, pour l’obtention de lalégitimité, ruse à laquelle Ali a cédé
naïvement. L’un des Kharijites aurait assassiné l’ImamAly en 661 à Koufa. Ils
sont présents chez les Berbères du Maghreb, en Tunisie et en Algérie.A Oman le
Sultan professe le Kharijisme qui représente 75 % de la population
v Les
zaydistes
Les Zaydistes
الزيديونprônent
que l’Imam doit être un descendant du Prophète. Donc Zayd est le cinquième et
dernier Imam. Ils rejettent la notion de l’Imam caché. En matière de théologie,
ils sont de tendance Chiite mais proches du Malikisme, en matière de droit ils
sont plutôt proches du Hanafisme. L’Imam Zayd a été tué, lors d’une bataille à
Koufa, contre lesOmeyades, vers 740. Sur ordre du Calife, il a été décapité et
mis en croix et ses partisans brulés. Les Zaydistes ont créé des émirats au
Tabaristan et au Yémen, où ils sont majoritaires.
v Les Ismaïlites
Les Ismaïlites
الاسماعيليونpartisans
du 7ième Imam Ismaïl. Leur origine remonte à la mort du 6ième Imam Chiite
Ja’far As-Saddiq en 765. Leur pensée est décrite dans « Les Frères de la Pureté
اخوانالصفا» du
Xe siècle, texte qui décrit l’être humain perdu dans l’ignorance qu’il faut instruire
par la philosophie qui semble être une forme de gnose influencée et par
diverses traditions religieuses. N’ayant pas apprécié ces textes, les Cheikhs
Sunnites ont décidé de les brûler. Certains les voient représenter le Chiisme
extrémiste et les accusent de terrorisme et d’avoir créé les Fatimides, les
Qaramita, les Druzes et les Alaouites appelés aussi Noçaïris. L’Agha Khan Karim
est considéré comme le descendant d’Ismaïl et du Prophète. Ils seraient près de
15 millions vivant en Inde, Pakistan, Syrie, Yémen, Jordanie et Soudan.
v Les Druzes
Les Druzes
الدروزprofessent
un Islam hétérodoxe non prosélyte, basée sur l’Ismaïlisme du courant
philosophique Chiite ésotérique. Ils n’ont ni liturgie, ni lieux de culte. La doctrine estsecrète et
n’est révélée qu’après initiation. Leur croyance en la métempsycose s’appuie
surle Verset 2/28 Al‐Baqara
‐ Médine2. Ils
croient que Dieu se manifeste périodiquement sous une forme humaine. Selon Ibn
Taymiyya : les Druzes ne sont pas Musulmans. Aussi est-il interdit de consommer
les bêtes immolées par eux ou d'épouser leurs femmes. Ils ne sont pas redevables de la djizya (impôt dû par les
dhimmis) parce que apostats. Ils renient la prière, le jeûne et leurs croyances
contiennent des éléments du mysticisme coranique, mais également gnostiques,
indiens, néo platoniques, et même messianiques. Ils comptent près de 2.500.000
dans le monde, dont 1.800.000 en Syrie, 550.000 au Liban et 150.000 au nord de
la Palestine.
v Les
Alaouites
Les
Alaouites العلويونvoient
en Ali, cousin et gendre du Prophète, l'incarnation de Dieu sur terre. Ils
croient en la bénédiction de l'Esprit Saint dans la succession des Imams
Chiites. LeurLivre Sacré est le Coran, mais l’interprétation est jugée non
conforme à l’Islam Sunnite. Leur doctrine mystique est fondée sur le sens caché
(bâtin), du
message divin, réservé aux initiés.
En
1920 les Français sont nommés Mandataires sur la Syrie. Ils y créent quatre
Etats : Damas,Alep, Druze et Alaouite, qui se ressoudent vite pour rétablir
l’Etat Syrien, suite à la Révolution de 1925. Les Alaouites sont près de 25
millions, dont la grande majorité se trouve à Iskenderun et en Turquie. Au
Liban ils sont très minoritaires, alors qu’en Syrie, ils sont plus de 3
millions et le Présidant Bachar Al-Assad fait partie de cette Communauté.
II-Le
Sunnisme
Courant majoritaire de l'Islam qui s'appuie sur la Sunna, les
sunnites sont ceux qui obéissent à la théorie et à la pratique de la Sunna.
Dans le monde, 90 % des musulmans sont sunnites et 10 % chiites. Les sunnites
se sont distingués des chiites après la mort du Prophète(SAW).
D’une part il y a ceux qui sont attachés aux enseignements et
pratiques de ce dernier, et d’autre part les chiites qui prônent une succession
au sein de la même famille. Cependant ce mouvement comme le chiisme n’est pas
homogène et est caractérisé par des écoles et doctrines qui se différencient
par leur modus operandi. On peut distinguer quatre grandes doctrines et écoles
d'interprétation (Madhab) au sein du mouvement sunnite.
A- Les
principes fondamentaux du sunnisme
Dans le sunnisme, l’imam est une personnalité qui est appelée,
durant la prière communautaire du vendredi, à lire des passages du Coran et à
les commenter. C’est en quelque sorte le prêtre, ou plutôt le pasteur
protestant puisqu’il n’y a pas de clergé hiérarchisé et que chacun est habilité
à jouer ce rôle, comme chez les protestants : c’est l’équivalent de la lecture
commentée de l’Evangile.
Dans le sunnisme, il n’y a pas d’intermédiaire entre le croyant et
Dieu. Ce qui fait qu’il n’y a pasde clergé. Le mufti (religieux
interprète de la loi islamique) est nommé par le pouvoir politique,puisque en
principe le pouvoir politique, c’est-à-dire le calife, est le Commandeur des
croyants, lejuge (cadi) également. Autrement dit, ce sont des fonctions
qui peuvent changer au gré du pouvoirpolitique.Chez
les sunnites, depuis l’abolition du califat en 1924, il n’y a plus personne qui
puisse parler aunom de l’islam dans son ensemble. Les imams qui dirigent la
prière du vendredi sont formés soit,comme en Turquie, par le Dyanet (ministère
des affaires religieuses), soit, comme en Egypte, à la
Mosquée Al-Azhar, soit…
ils ne sont pas formés.
Dans le sunnisme, en principe, l’imam est choisi soit
par une autorité politique, soit par les croyants eux-mêmes. Au-dessus, il y a
le mufti, qui est la plus grande autorité pour le pays ou pour la région
administrative et religieuse. Et c’est tout. Il y a donc autant de chapelles
que d’imams.
Chez les sunnites, l’effort d’interprétation est figé
depuis la fin du XIe siècle.
Deuxièmement, il n’y a plus de calife, donc, comme on
l’a vu, il n’y a plus d’autorité qui puisse imposer quoi que ce soit.
Troisièmement, personne n’a le droit de parler seul au
nom de l’islam… et en même temps, toutcroyant peut s’arroger le droit de le faire.
C’est ainsi que s’est développé l’islamisme : sur la based’une lecture
littéraliste du Coran et d’une légitimité à l’interpréter fondée sur le seul
critère de la foi. Le port du voile ou l’interdiction des boissons alcoolisées
sont autant d’illustrations de cettevision sélective des textes religieux de
l’islam, qui sont très partagés sur ces sujets.
En fin, le sunnisme se considère comme l’achèvement,
l’aboutissement du monothéisme. Le Prophète n’a-t-il pas dit lui-même : « Je
suis le sceau des prophètes. Je suis venu parfaire votre religion » ? Autrement
dit, les autres religions monothéistes, judaïsme et christianisme, ont reçu le
message, mais il était incomplet et ils l’ont détourné. Et enfin, ajoute-t-il :
« Il me plaît que l’islam soit votre religion. » Outre le fait que par cette
phrase, le Prophète a donné à l’islam son caractère universel c’est-à-dire que
chaque être humain est appelé à se soumettre à l’islam, donc à se convertir, le
sunnisme considère que quitter la communauté des croyants, la Oumma,
constitue un retour en arrière par rapport à ce but ultime. Donc, celui qui
quitte la communauté devient apostat.
A- Les éléments
constitutifs (écoles et doctrines)
Il y a chez
les sunnites ceux qu’on appelle Les Khoulafa’ou
Rachidoun. Ils sont au nombre de quatre et ce sont eux qui se sont succédé
sur le califat après la disparition du Prophète. Il s’agit d’Aboubacar, Omar
ibn Khattâb, Othman ibn Haffan et Alioune ibn Abi Talib dont les chiites reconnaissent. Il existe cependant beaucoup
de courants de pensées et d’interprétions à l’intérieur du mouvement
sunnite :
v Khâridjisme
Première
division de l’islam. Mouvement rigoriste prônant un islam égalitaire.
Les
Kharijites estiment qu’Ali lui-même a commis une erreur en tentant de composer
avec Muawiya. Pour eux, l’Imam doit être élu sans tenir compte de sa lignée
mais sur ses qualités morales. De ce fait, certains auteurs les distinguent des
Chiites proprement dits. Actuellement, seuls les Ibadites
(forme modérée du kharijisme) subsistent en nombre. Ils
représentent 60% des musulmans d’Oman (où l’Imamat ibadite a disparu en 1959).
Des communautés ibadites importantes existent également en Tunisie (sur l’île
de Djerba, environ 50.000) et en Algérie (à Ouargla et dans le Mzab – d’où l’appellation
de Mozabite – plus de 100.000) et dans le Djebel Nafousa (Nord de la Lybie).
v Mu'tazilisme
En
arabe, mu‘tazila est le participe du verbe i‘tazala qui signifie « se séparer »
Cette
dénomination aurait été employée par certains hérésiographes musulmans à propos
des premiers penseurs de cette école.
Dans
un premier temps, sous les abbâssides, certainement en réaction à la diffusion
des idées chiites, le mutazilisme devient la doctrine officielle, avec le
calife Al-Ma'mun. Mais, avec le calife Mutawakkil (847-861), la doctrine officielle
devint ce que l’on nomme aujourd’hui le sunnisme, ce qui entraina le déclin
progressif de l’école jusqu’à sa disparition.
v Les Hanafites
(D’Abu Hanifa, mort en 767) : ils accordent beaucoupd’importance au
jugement personnel du croyant lorsqu’il s’agit de déterminer ce qu’il faut
faire ou ne pas faire Ainsi, ils peuvent être considéréscomme les moins rigides
dans leur interprétation de l’islam. Ce sont pour la plupart les musulmans de
Turquie, d’Inde, du Pakistan,...
v Les Malikites
(De Malik ibn Anas, mort en 796) : ils se basent sur le
droitmusulman en vigueur à Médine du temps du Prophète Mahomet (VIIe siècle).
Ils accordent également une forte importance à l’opinion personnelleet se
retrouvent principalement en Afrique du nord et au Soudan.
v Les Shaféites
(Du juriste musulman Al Shafii, mort en 820) : leur
doctrineaccorde beaucoup d’importance au droit musulman. Cette doctrine
seretrouve dans le Golfe persique et en Indonésie.
v Les Hanbalites
(D’Ahmad ibn Hanbal, mort en 855) : ce sont les plusrigoureux et
les plus conservateurs dans leur vision de l’islam. Leurdoctrine repose sur une
interprétation littérale stricte du Coran.
Ce mouvement se retrouve essentiellement en Arabie Saoudite.
v Le Soufisme
Le
Soufisme الصوفيةest apparu avec l'Islam, il trouve ses racines dans
l’orthodoxie Sunnite, mais il a évolué vers les dissidences Chiites. Il s'agit
d'une organisation initiatique ésotérique et contemplative. C’est l’élan de
l'âme à l'intériorisation, l'amour et la contemplation de Dieu. Le Soufisme
déborde d’esthétique verbale poétique influencée par le monachisme Chrétien.
Ajoutons que certains pratiquent le Soufisme par la danse en tournant autour du
même point avec des mouvements suggestifs du corps invoquant les grâces de
Dieu. C’est la Tarika
des
Derviches. Le Soufisme est présent dans tous les pays Islamiques, sous diverses
formes.
v Le wahhabisme
Le
Wahhabisme الوھابيةest un
mouvement ultra-orthodoxe extrémiste apparu au Hedjaz en1745. Ce courant
rejette tout enseignement différent de ses croyances parce que
considéréhérétique. En 1994 le Mufti Abdul-Aziz ben Baz, haute autorité
Saoudienne, ordonne ladestruction de plus de 500 mausolées Islamiques, même les
tombes de la famille du Messagern’ont pas été épargnées. Les Boudhas détruits
par les Talibans en sont un exemple del’extrémisme de ce courant.
v Le Salafisme
Le Salafisme est un mouvement traditionaliste Sunnite qui
prône le retour aux origines de l’Islam du Coran et de la Sunna, qui désigne
aujourd’hui une mouvance fondamentaliste. A l’exclusion de son extrémisme djihadiste, il serait la version Islamique du mouvement de
Mgr. Lefebvre en France, ou des Evangélistes ultra conservateurs
aux USA, ou du Parti Shass Israélien. Le Salafisme est pratiqué par de nombreux
Fidèles dans tous les pays Islamiques.
III-Enjeux
défis des deux courants
A-Géopolitiques
En dehors de
l’aspect religieux, ces deux courants de l’Islam se disputent un leadership
politique dans la région. D’une part les chiites sous la houlette de l’Iran et
d’autre part les sunnites avec comme locomotive l’Arabie Saoudite. Ainsi chacun
de ces deux essaie de faire régner sa suprématie dans cette partie du monde. Ce
conflit s’étend de plus en plus en dehors des frontières des deux géants dans
cette région. C’est ce qui fut à l’origine de la guerre du Yémen où les rebelles
Houthis avec l’aide de l’IRAN ont réussi à exiler depuis 2014 le premier ministre
Abd RAHB Mans HADI loin de son pays.
En Syrie
aussi on constate à peu près la même situation avec le régime de Bassar Al
Assad, le président chiite qui continue toujours de s’accrocher à son pouvoir
malgré l’importante pression de lacommunauté internationale. Cependant Bassar
ne serait toujours pas au pouvoir s’il ne bénéficiait pas de l’aide de la
Russie. Contrairement aux autres puissances occidentales comme la France qui
prônent l’exclusion de la Syrie dans le règlement du conflit, Vladimir Poutine
soutient son allié et constitue un soutien de taille pour lui. Et pour
atteindre leurs objectifs, les objectifs sont allés même jusqu’à armer les
rebelles pour évincer Bassar mais en vain.
B-Culturels
Cependant ce
différend entre ces deux courants de l’Islam se manifeste sur le plan culturel
avec certaines pratiques culturelles comme le port du voile intégral
appelé encore BURQA, l’appel à la prière et beaucoup d’autres habitudes.Aussi
bien les arabes que les perses ils ont introduit certaines pratiques
culturelles dans la religion au point de les prendre pour argent comptant. Ces différencesviennent
accentuer le très antagonisme qui existe entre ces deux courants. Et malgré
tout cela chiites et sunnites continuent de vivre je ne dirai pas en harmonie mais
dans beaucoup de pays où l’Islam est majoritairement représenté.
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