mercredi 22 juin 2016


CHIISME ET SUNNISME: QUE FAUT-IL COMPRENDRE?

Le Chiisme et le Sunnisme sont deux des plus importants courants qui composent l’Islam. Ils sont apparus au lendemain de la disparition du Prophète Mouhammed[1](SAW).Ces divergences sont nées de la volonté de ces deux clans de succéder celui-ci aussi bien dans sa fonction religieuse que politique. De nos jours, ces clivages ont pris une autre tournure et finissent souvent par l’affrontement armé.

Cependant, il existe un très grand fossé entre les deux, aussi bien dans le domaine culturel que religieux. Et maintenant, dans beaucoup de parties du monde, ils se disputent le leadership et prennent la religion comme prétexte pour mener à bien leurs manœuvres respectives. Manœuvres  qui ont souvent abouti à des conflits armés et ont fait des centaines de milliers de victimes d’une part et d’autre. La guerre entre les deux branches principales de l’islam, guerre entre deux islams au nom de divergences et de différences dogmatiques, est désormais rallumée et ne s’éteindra pas de sitôt. On assiste chaque semaine au Pakistan à des attentats contre des lieux de culte appartenant à l’une ou l’autre branche.
Cette guerre se déplace en Inde où s’affrontent également sunnites et chiites, en Irak où la guerre civile qui ne dit pas son nom est aussi un combat entre les deux appartenances, au Liban et à Bahreïn, où la révolte est suspectée d’être plus une rébellion de chiites que d’affamés de liberté. Cela dit, les chiites de Bahreïn, citoyens de seconde zone, se sentent aujourd’hui le courage de relever la tête depuis que l’Iran est derrière eux. L’affrontement se propage au Yémen, où les minorités chiites, soutenues et armées par l’Iran, tiennent tête au pouvoir central et à l’armée saoudienne en 2009 ; en Syrie où, à l’inverse, les troubles pourraient bien être téléguidés par des sunnites contre le pouvoir alaouite, et donc chiite, en place ; il s’étend même à l’intérieur de la Chine, où une cinquantaine de millions de musulmans se concentrent dans le Xinjiang et le Ningxia, le pays des Hui, dont une petite minorité de chiites. Malgré leurs divergences, ces courants ont toujours réussi à survivre à leurs différents conflits et continuent de pérenniser leurs apprentissages et pratiques religieux.
I- Le Chiisme
En mars 632, la mort du Prophète pose tout de suite la question de la succession. Soudainement tombé malade, Mouhammed n’a en effet pas eu le temps de désigner formellement son successeur. Trop absorbé par les conquêtes militaires et par la prédication, il n’a préparé ni les institutions ni les hommes qui devaient poursuivre son œuvre.      «Vous êtes les mieux à même de connaître vos affaires ici-bas », disait-il. Le Coran ajoute : « Muhammad n’a jamais été le père de l’un d’entre vous. » (Sourate 33, verset 40.) Ce qui voudrait dire que la charge dynastique est totalement absente. Bien avant la scission entre chiites et sunnites, il était évident que ce vide juridique et politique serait fatal à la communauté (Oumma), en pleine expansion : l’absence d’institution politique ou spirituelle capable de gérer les problèmes de territorialité du pouvoir dans les différentes provinces conquises se fait cruellement ressentir. Certes, les musulmans disposent du Coran et de la Sunna, mais ces deux instruments s’avèrent inutiles lorsque la parole est donnée aux armes. Cette situation sera à l’origine des grandes divisions au sein de l’islam : sunnites et chiites deviendront frères ennemis et irréconciliables.
A-     Les caractéristiques du chiisme
Les chiites ne reconnaissent, dès l’origine, que la descendance directe d’Ali. Le dogme chiite ne se précisera que par la suite, grâce notamment au sixième imam, Jaafar al-Sadik (703-765), qui fut à l’origine de la doctrine centrale du Naas selon laquelle chaque imam doit désigner explicitement son successeur conformément à la volonté divine. C’est également à son époque que le concept de Taqiyya, pratiqué dès la mort d’Ali, se formalise : cette doctrine autorise le croyant à dissimuler sa véritable foi et à se dispenser des prescriptions du culte lorsqu’il est en danger. Cette pratique apparaît légitime au regard des constantes persécutions que subissent les communautés chiites dès leur origine. Elle s’inscrit dans le statut chiite d’éternel persécuté en attente du rétablissement de la justice par la venue du Messie.
L’échec politique du chiisme est en effet un de ses éléments constitutifs : il justifie à la fois le thème de la martyrologie et l’attente d’un triomphe dans l’au-delà. Après Hussein, fils d’Ali et troisième imam, le chiisme en verra se succéder neuf autres jusqu’à la dernière étape de la formation du chiisme duodécimain, la constatation de la disparition du douzième imam, Muhammad al-Mahdi, en 874, à l’âge de cinq ans. La présence d’un imam étant nécessaire au monde, les théologiens concluent à l’« occultation » de celui-ci qui, de manière invisible, guide la communauté.
Les fidèles attendent depuis lors le retour de l’imam occulté, caché, qui amènera avec lui justice et bien-être sur terre. Viendront ensuite la fin du monde et le temps du Jugement dernier. Les différentes appartenances apparaissent donc dès le quatrième imam, dont le fils, Zayd, va lui aussi, aux yeux de ses partisans, non pas mourir, mais être occulté, d’où le nom de ces Nord-Yéménites qu’on appelle les zaydites. Mais les duodécimains, ainsi nommés pour leur croyance au retour du douzième imam, représentent la majorité des chiites. Entre les deux occultations, les théologiens étoffent les doctrines du chiisme : ils établissent notamment le corpus de base des hadiths duodécimains. Les chiites reconnaissent la Sunna, mais certains hadiths qui la transmettent leur sont propres. De même, chez les chiites, la chaîne des garants, sorte de preuve d’authenticité des hadiths, remonte systématiquement aux imams, tandis que les sunnites admettent pour garants des compagnons du Prophète. Il s’ensuit un corpus de textes doctrinaux différent entre les deux branches. Attentifs aux débats dogmatiques, les chiites se prononcent sur l’ensemble des thèmes sujets à polémique. Ils considèrent que les attributs divins font partie de l’essence divine ; l’apparence physique de Dieu est à prendre au sens métaphorique. Sur la question de la vision de Dieu, les chiites considèrent, à l’inverse des sunnites, que le croyant ne peut le voir, même dans l’au-delà. En outre, ils s’écartent également de l’orthodoxie en affirmant que l’homme est libre et responsable de ses actes.
B-     Les principes fondamentaux du chiisme
Ø  Les  imams et pratiques du chiisme
 Le chiisme est cependant caractérisé par un certain nombre d’éléments qui lui permet  de se différencier du sunnisme. Il s’agit des différents courants qui le composent. Ces courants sont portés par les imams qui se sont succédé après la mort d’Ali.
Après Hussein, fils d’Ali et troisième imam, le chiisme en verra se succéder neuf autres jusqu’à la dernière étape de la formation du chiisme duodécimain, la constatation de la disparition du douzième imam, Muhammad al-Mahdi, en 874, à l’âge de cinq ans. La présence d’un imam étant nécessaire au monde, les théologiens concluent à l’« occultation » de celui-ci qui, de manière invisible, guide la communauté. C’est ainsi que se succèdent Ali fils de Hussein, dit Zein al-Abidine (658-713), quatrième imam, dont le fils Zayd donnera naissance aux zaydites, Mohammed al-Bakir (676-743) le cinquième, Jaafar as-Sadiq (703-765) le sixième, dont le petit-fils Ismaïl sera à l’origine des ismaéliens qui formeront la dynastie des Fatimides. Viendront également Musa al-Kazim (745-799), Ali Ar-Rida (765-818), Mohammed al-Jawad (810-835), Ali al-Hadi (827-868), Hassan al-Askari (846-874), le onzième, qui sera à l’origine des alaouites par l’intermédiaire d’Ibn Nusayr Namiri, et enfin, le douzième imam, Muhammad al-Mahdi (869-), « occulté » en 874. Les fidèles attendent depuis lors le retour de l’imam occulté, caché, qui amènera avec lui justice et bien-être sur terre. Viendront ensuite la fin du monde et le temps du Jugement dernier. Les différentes appartenances apparaissent donc dès le quatrième imam, dont le fils, Zayd, va lui aussi, aux yeux de ses partisans, non pas mourir, mais être occulté, d’où le nom de ces Nord-Yéménites qu’on appelle les zaydites. Mais les duodécimains, ainsi nommés pour leur croyance au retour du douzième imam, représentent la majorité des chiites. Entre les deux occultations, les théologiens étoffent les doctrines du chiisme : ils établissent notamment le corpus de base des hadiths duodécimains. Les chiites reconnaissent la Sunna, mais certains hadiths qui la transmettent leur sont propres. De même, chez les chiites, la chaîne des garants, sorte de preuve d’authenticité des hadiths, remonte systématiquement aux imams, tandis que les sunnites admettent pour garants des compagnons du Prophète. Il s’ensuit un corpus de textes doctrinaux différent entre les deux branches. Attentifs aux débats dogmatiques, les chiites se prononcent sur l’ensemble des thèmes sujets à polémique. Ils considèrent que les attributs divins font partie de l’essence divine; l’apparence physique de Dieu est à prendre au sens métaphorique. Sur la question de la vision de Dieu, les chiites considèrent, à l’inverse des sunnites, que le croyant ne peut le voir, même dans l’au-delà. En outre, ils s’écartent également de l’orthodoxie en affirmant que l’homme est libre et responsable de ses actes. Dissident par rapport à l’orthodoxie sunnite, le chiisme a lui-même engendré plusieurs sectes minoritaires. C’est le cas de l’ismaélisme et de ses sous-sectes, apparues vers 762, au début du règne des califes abbassides.
Pour les ismaéliens, la succession des imams s’achève avec le septième d’entre eux, Ismaïl, fils de Jaafar al-Sadik. L’approche religieuse des ismaéliens, ésotérique, implique une séparation entre initiés et non-initiés. A ces derniers, Muhammad aurait révélé uniquement la charia, tandis qu’aux initiés Ali enseignerait son sens caché. Ce principe implique une interprétation constante du Coran destinée à en révéler le sens profond.
Les Fatimides, apparus vers 890 au Yémen, s’implantent avec succès au Maghreb et fondent d’ailleurs une dynastie bicentenaire dans la ville du Caire, permettant pour la première fois au chiisme d’accéder à une position dominante sur la communauté sunnite.
Après la prise de Bagdad par les Mongols en 1258, c’est également au Caire que se réfugient les survivants de la dynastie abbasside. Vingt et un califes s’y succèdent alors avec un rôle purement symbolique, jusqu’à   de l’Egypte par le sultan ottoman Selim 1er en 1517.
Bien d’autres sectes voient le jour, tels les druzes et les nusayrîs; le druzisme date du règne du calife fatimide al-Hakim (986-1021). Cette doctrine porte le nom de son fondateur, Mohammed al-Darazi ; elle admet le fait que Dieu peut se manifester régulièrement sous forme humaine (maqâm), et que son incarnation la plus importante est précisément al-Hakim. Persécutés par les sunnites, les druzes se réfugient au début du XIe siècle dans les montagnes du Hauran en Syrie et du Chouf au Liban. Ces communautés survivront jusqu’à nos jours et sont encore dynamiques au Proche-Orient. L’émergence de doctrines dissidentes représente plus souvent un moyen d’opposition politique, ethnique ou nationale au pouvoir central du calife, qu’une réelle révélation divine. Dès le Xe siècle, le chiisme incarne par exemple les aspirations nationales de l’Irak et de l’Iran vis-à-vis de la Syrie dominatrice.
Ø  Le Tazieh

Le Tazieh est un mot d’origine arabe qui signifie « témoignage de condoléances » et qui Correspond dans l’islam chiite au jour anniversaire de la mort de Hussein, troisième imam deschiites.Le Taziehdésigne en Iran une cérémonie religieuse populaire célébrée sous forme de pièce dethéâtre, avec dialogues chantés et déclamés. Le Tazieh existe ailleurs qu’en Iran : on a relevé desmanifestations analogues dans le village chiite de Nabawiya au Liban, ainsi qu’en Inde, où vitquelque dix millions de chiites.Le Tazieh est une passion (au sens de la Passion du Christ) qui a pour sujet le martyre de saintspersonnages et le deuil déchirant que ce martyre entraîne. Il se joue à travers un importantrépertoire de plus de deux cents sujets, transmis à travers les siècles par des auteurs anonymes. Laplupart de ces passions présentent l’histoire d’un des membres de la très nombreuse famille des descendants du prophète Muhammad et d’Ali.
La fonction du Tazieh est triple : éducation, transmission, célébration. Il assure un des pôles de l’éducation religieuse : il est vu et connu par tous les Iraniens, dès l’enfance, au sein du cadre familial et scolaire. Sous contrôle du pouvoir religieux, il est une des cautions de l’orthodoxie chiite. Si le Tazieh est bien un art de l’islam chiite, il existait avantl’islam : on jouait déjà à l’époque préislamique  des pièces racontant l’histoire de Siyavush, un héros légendaire de la haute antiquité iranienne, qui porte le nom de Siyavarshan dans l’Avesta, le livre saint des zoroastriens.
Le contexte et les conditions de la mort tragique de ce prince iranienassassiné à la suite d’un infâme complot, firent de lui un martyr et entraînèrent un deuil déchirant. Cette légende est racontée par Ferdowsi (940-1020) dans son Shahnameh, un monumental Livredes Rois. Ce conservatoire de la mémoire iranienne n’est pas le premier ouvrage de ce genre, mais c’est le plus achevé. Ferdowsi, relatant cette légende, décrit le peuple iranien vêtu de noir, portant le deuil de Siyavush.
La tradition du deuil déchirant, le goût pour les scènes épiques relatées sous forme de narration, bien présents dans le Shahnameh, se perpétuent à l’époque islamique dans leTazieh. Le Tazieh assume également la fonction de transmission de la mémoire collective du peuple iranien. Aujourd’hui encore, ce peuple vêtu de noir porte toujours, sans en avoir conscience, le deuil de l’imam Hussein. Il participe de l’éloge des imams : à l’avènement du chiisme iranien, les mollahs ont fait de l’imam Hussein l’incarnation du pays. En sa qualité d’héritier spirituel de ce dernier, chaque imam chiite iranien bénéficie implicitement des retombées de sa considération.
A travers les siècles, cet événement historique devient sujet de célébration, puis a évolué vers la commémoration, puis vers la représentation de drames sacrés. C’est probablement durant les années qui suivirent la mort de Hussein, soit dès la fin du VIIe siècle, que les célébrationsde son martyre ont commencé. Au XIIe siècle, lorsque le pouvoir des Seldjoukides, musulmans sunnites qui envahissent l’Iran en 1037, s’affaiblit, des célébrations ont lieu au sein des assemblées, lors desquelles des récitants rappellent les souffrances et les vertus des gens de la maison d’Ali.
Ø  Le Sigheh ou mariage temporel
Il existe une différence fondamentale dans la conception du couple entre sunnites etchiites : la pratique chiite du mariage temporaire, appelé mout ‘a en arabe et Sigheh en persan.Pour les sunnites, cette forme d’union aurait été interdite par le Prophète ; les chiites attribuentcette interdiction à Omar, le deuxième calife. Mais d’aucuns considèrent qu’elle est nulle et nonavenue dans la mesure où aucun homme n’apas le pouvoir d’interférer sur un droit religieux. C’estainsi que ce type de mariage perdure.
Le Sigheh consiste en un accord oral entre un homme et une femme. Le mariage peut durer uneheure, un jour, un mois, un an ou plus. Moyennant une somme payable à l’avance, la femme sedonne à l’homme pour la durée choisie. A son terme, le mariage peut être renouvelé. La dot (mahr) est nécessaire, même si elle est symbolique. Son paiement et la durée du contrat sont les deuxéléments essentiels de ce type de mariage. Les enfants nés de cette union ont droit à l’héritage deleurs parents et doivent être reconnus et entretenus par leur père.
Par le biais du Sigheh, l’homme et la femme peuvent s’offrir l’un à l’autre tout en respectant laloi islamique.Alors, pour satisfaire tous les milieux, la loi tente de s’adapter en offrant deuxvariantes : lemariage temporaire non sexuel et le mariage temporaire sexuel.Lors de la signature du contrat temporaire, la femme peut insérer une clause stipulant qu’il n’yaura pas consommation du mariage. Ainsi, les familles très pieuses y recourent pour laisser auxfuturs époux le temps de se découvrir, avant un éventuel mariage permanent.
La femme peut, enrevanche, changer la clause à tout moment et transformer l’union en mariage sexuel. Lorsque cela alieu, il n’est plus possible de revenir à l’option non sexuelle par la suite.Le mariage non sexuel est aussi utilisé pour s’assurer que les relations avec des hommes sedéroulent sans péché. Ainsi, les femmes qui se trouvent travaillé aux côtés d’hommes avec lesquels elles n’ont pas de lien de parenté peuvent y recourir. Il est également pratiqué dans de petits villages, où les personnes sont amenées à se croiser souvent, ou encore lorsqu’une femmedésire de lever son voile devant les hommes de la famille de son gendre ou de sa belle-fille sans sesentir pécheresse. Dans ces cas, le mariage peut ne durer que quelques minutes.N’impliquant pas la perte de la virginité, le Sigheh non sexuel n’influence pas l’image de la femme qui l’a contracté. Le mariage temporaire sexuel, en revanche, employé pour les mêmesraisons que la polygamie et communément appelé «mariage de jouissance », est différemment perçu.
Dans la doctrine chiite, le plaisir est son seul objectif.Base de la famille, qui est la plus importante institution sociale, le mariage permanent estnécessaire à la fondation d’un foyer, synonyme d’amour et de stabilité. Il implique une solidarité etun partage constants entre les époux ; au contraire du mariage temporaire où, dès le début, l’hommedéclare à sa femme qu’il l’a choisie pour une durée déterminée au-delà de laquelle elle n’aura plusrien à attendre de lui.
C-     Les différents courants du chiisme
v Les Duodécimains
Les Duodécimains الاثناعشريةcroient que Mahomet a assigné à Ali le Califat après sa mort et à l'existence de douze Imams infaillibles, qui ne sont ni prophètes (nabī), ni messagers
(rasūl), mais ils relaient le message de Mahomet. Le douzième Imam occulté : Al-Mahdi est un descendant de la famille du Prophète. Selon eux, Al- Mahdi apparaîtra à la fin des temps et précèdera la seconde venue de Jésus le Messie "descendant du ciel soutenu par deux anges", qui vaincra l’antéchrist. Tous deux combattront le mal ensemble pour instaurer la justice.
v Les kharijites
Les Kharijites الخوارجou Ibadites sont les puritains de l’Islam. Ils refusent l’arbitrage entreAli, leur Imam, et Muawiya le Calife à Damas, lors de la bataille de Siffin en 657. Aussi sesont-ils dissociés d’Ali, lui reprochant de s’être soumis à l’arbitrage qui appartient à Dieu.En effet, cet arbitrage était une ruse montée par son adversaire, pour l’obtention de lalégitimité, ruse à laquelle Ali a cédé naïvement. L’un des Kharijites aurait assassiné l’ImamAly en 661 à Koufa. Ils sont présents chez les Berbères du Maghreb, en Tunisie et en Algérie.A Oman le Sultan professe le Kharijisme qui représente 75 % de la population
v Les zaydistes
Les Zaydistes الزيديونprônent que l’Imam doit être un descendant du Prophète. Donc Zayd est le cinquième et dernier Imam. Ils rejettent la notion de l’Imam caché. En matière de théologie, ils sont de tendance Chiite mais proches du Malikisme, en matière de droit ils sont plutôt proches du Hanafisme. L’Imam Zayd a été tué, lors d’une bataille à Koufa, contre lesOmeyades, vers 740. Sur ordre du Calife, il a été décapité et mis en croix et ses partisans brulés. Les Zaydistes ont créé des émirats au Tabaristan et au Yémen, où ils sont majoritaires.
v Les Ismaïlites
Les Ismaïlites الاسماعيليونpartisans du 7ième Imam Ismaïl. Leur origine remonte à la mort du 6ième Imam Chiite Ja’far As-Saddiq en 765. Leur pensée est décrite dans « Les Frères de la Pureté اخوانالصفا» du Xe siècle, texte qui décrit l’être humain perdu dans l’ignorance qu’il faut instruire par la philosophie qui semble être une forme de gnose influencée et par diverses traditions religieuses. N’ayant pas apprécié ces textes, les Cheikhs Sunnites ont décidé de les brûler. Certains les voient représenter le Chiisme extrémiste et les accusent de terrorisme et d’avoir créé les Fatimides, les Qaramita, les Druzes et les Alaouites appelés aussi Noçaïris. L’Agha Khan Karim est considéré comme le descendant d’Ismaïl et du Prophète. Ils seraient près de 15 millions vivant en Inde, Pakistan, Syrie, Yémen, Jordanie et Soudan.
v Les Druzes
Les Druzes الدروزprofessent un Islam hétérodoxe non prosélyte, basée sur l’Ismaïlisme du courant philosophique Chiite ésotérique. Ils n’ont ni liturgie, ni lieux de culte. La doctrine estsecrète et n’est révélée qu’après initiation. Leur croyance en la métempsycose s’appuie surle Verset 2/28 AlBaqara Médine2. Ils croient que Dieu se manifeste périodiquement sous une forme humaine. Selon Ibn Taymiyya : les Druzes ne sont pas Musulmans. Aussi est-il interdit de consommer les bêtes immolées par eux ou d'épouser leurs femmes. Ils ne sont pas  redevables de la djizya (impôt dû par les dhimmis) parce que apostats. Ils renient la prière, le jeûne et leurs croyances contiennent des éléments du mysticisme coranique, mais également gnostiques, indiens, néo platoniques, et même messianiques. Ils comptent près de 2.500.000 dans le monde, dont 1.800.000 en Syrie, 550.000 au Liban et 150.000 au nord de la Palestine.
v Les Alaouites
Les Alaouites العلويونvoient en Ali, cousin et gendre du Prophète, l'incarnation de Dieu sur terre. Ils croient en la bénédiction de l'Esprit Saint dans la succession des Imams Chiites. LeurLivre Sacré est le Coran, mais l’interprétation est jugée non conforme à l’Islam Sunnite. Leur doctrine mystique est fondée sur le sens caché (bâtin), du message divin, réservé aux initiés.
En 1920 les Français sont nommés Mandataires sur la Syrie. Ils y créent quatre Etats : Damas,Alep, Druze et Alaouite, qui se ressoudent vite pour rétablir l’Etat Syrien, suite à la Révolution de 1925. Les Alaouites sont près de 25 millions, dont la grande majorité se trouve à Iskenderun et en Turquie. Au Liban ils sont très minoritaires, alors qu’en Syrie, ils sont plus de 3 millions et le Présidant Bachar Al-Assad fait partie de cette Communauté.
II-Le Sunnisme
Courant majoritaire de l'Islam qui s'appuie sur la Sunna, les sunnites sont ceux qui obéissent à la théorie et à la pratique de la Sunna. Dans le monde, 90 % des musulmans sont sunnites et 10 % chiites. Les sunnites se sont distingués des chiites après la mort du Prophète(SAW).
D’une part il y a ceux qui sont attachés aux enseignements et pratiques de ce dernier, et d’autre part les chiites qui prônent une succession au sein de la même famille. Cependant ce mouvement comme le chiisme n’est pas homogène et est caractérisé par des écoles et doctrines qui se différencient par leur modus operandi. On peut distinguer quatre grandes doctrines et écoles d'interprétation (Madhab) au sein du mouvement sunnite.

A-     Les principes fondamentaux du sunnisme

Dans le sunnisme, l’imam est une personnalité qui est appelée, durant la prière communautaire du vendredi, à lire des passages du Coran et à les commenter. C’est en quelque sorte le prêtre, ou plutôt le pasteur protestant puisqu’il n’y a pas de clergé hiérarchisé et que chacun est habilité à jouer ce rôle, comme chez les protestants : c’est l’équivalent de la lecture commentée de l’Evangile.
Dans le sunnisme, il n’y a pas d’intermédiaire entre le croyant et Dieu. Ce qui fait qu’il n’y a pasde clergé. Le mufti (religieux interprète de la loi islamique) est nommé par le pouvoir politique,puisque en principe le pouvoir politique, c’est-à-dire le calife, est le Commandeur des croyants, lejuge (cadi) également. Autrement dit, ce sont des fonctions qui peuvent changer au gré du pouvoirpolitique.Chez les sunnites, depuis l’abolition du califat en 1924, il n’y a plus personne qui puisse parler aunom de l’islam dans son ensemble. Les imams qui dirigent la prière du vendredi sont formés soit,comme en Turquie, par le Dyanet (ministère des affaires religieuses), soit, comme en Egypte, à la
Mosquée Al-Azhar, soit… ils ne sont pas formés.
Dans le sunnisme, en principe, l’imam est choisi soit par une autorité politique, soit par les croyants eux-mêmes. Au-dessus, il y a le mufti, qui est la plus grande autorité pour le pays ou pour la région administrative et religieuse. Et c’est tout. Il y a donc autant de chapelles que d’imams.
Chez les sunnites, l’effort d’interprétation est figé depuis la fin du XIe siècle.
Deuxièmement, il n’y a plus de calife, donc, comme on l’a vu, il n’y a plus d’autorité qui puisse imposer quoi que ce soit.
Troisièmement, personne n’a le droit de parler seul au nom de l’islam… et en même temps, toutcroyant peut s’arroger le droit de le faire. C’est ainsi que s’est développé l’islamisme : sur la based’une lecture littéraliste du Coran et d’une légitimité à l’interpréter fondée sur le seul critère de la foi. Le port du voile ou l’interdiction des boissons alcoolisées sont autant d’illustrations de cettevision sélective des textes religieux de l’islam, qui sont très partagés sur ces sujets.
En fin, le sunnisme se considère comme l’achèvement, l’aboutissement du monothéisme. Le Prophète n’a-t-il pas dit lui-même : « Je suis le sceau des prophètes. Je suis venu parfaire votre religion » ? Autrement dit, les autres religions monothéistes, judaïsme et christianisme, ont reçu le message, mais il était incomplet et ils l’ont détourné. Et enfin, ajoute-t-il : « Il me plaît que l’islam soit votre religion. » Outre le fait que par cette phrase, le Prophète a donné à l’islam son caractère universel c’est-à-dire que chaque être humain est appelé à se soumettre à l’islam, donc à se convertir, le sunnisme considère que quitter la communauté des croyants, la Oumma, constitue un retour en arrière par rapport à ce but ultime. Donc, celui qui quitte la communauté devient apostat.

A-     Les éléments constitutifs (écoles et doctrines)
Il y a chez les sunnites ceux qu’on appelle Les Khoulafa’ou Rachidoun. Ils sont au nombre de quatre et ce sont eux qui se sont succédé sur le califat après la disparition du Prophète. Il s’agit d’Aboubacar, Omar ibn Khattâb, Othman ibn Haffan et Alioune ibn Abi Talib dont les chiites  reconnaissent. Il existe cependant beaucoup de courants de pensées et d’interprétions à l’intérieur du mouvement sunnite :
v Khâridjisme

Première division de l’islam. Mouvement rigoriste prônant un islam égalitaire.
Les Kharijites estiment qu’Ali lui-même a commis une erreur en tentant de composer avec Muawiya. Pour eux, l’Imam doit être élu sans tenir compte de sa lignée mais sur ses qualités morales. De ce fait, certains auteurs les distinguent des Chiites proprement dits. Actuellement, seuls les Ibadites (forme modérée du kharijisme) subsistent en nombre. Ils représentent 60% des musulmans d’Oman (où l’Imamat ibadite a disparu en 1959). Des communautés ibadites importantes existent également en Tunisie (sur l’île de Djerba, environ 50.000) et en Algérie (à Ouargla et dans le Mzab – d’où l’appellation de Mozabite – plus de 100.000) et dans le Djebel Nafousa (Nord de la Lybie).
v Mu'tazilisme

En arabe, mu‘tazila est le participe du verbe i‘tazala qui signifie « se séparer »
Cette dénomination aurait été employée par certains hérésiographes musulmans à propos des premiers penseurs de cette école.
Dans un premier temps, sous les abbâssides, certainement en réaction à la diffusion des idées chiites, le mutazilisme devient la doctrine officielle, avec le calife Al-Ma'mun. Mais, avec le calife Mutawakkil (847-861), la doctrine officielle devint ce que l’on nomme aujourd’hui le sunnisme, ce qui entraina le déclin progressif de l’école jusqu’à sa disparition.
v Les Hanafites

(D’Abu Hanifa, mort en 767) : ils accordent beaucoupd’importance au jugement personnel du croyant lorsqu’il s’agit de déterminer ce qu’il faut faire ou ne pas faire Ainsi, ils peuvent être considéréscomme les moins rigides dans leur interprétation de l’islam. Ce sont pour la plupart les musulmans de Turquie, d’Inde, du Pakistan,...
v Les Malikites

(De Malik ibn Anas, mort en 796) : ils se basent sur le droitmusulman en vigueur à Médine du temps du Prophète Mahomet (VIIe siècle). Ils accordent également une forte importance à l’opinion personnelleet se retrouvent principalement en Afrique du nord et au Soudan.
v Les Shaféites

(Du juriste musulman Al Shafii, mort en 820) : leur doctrineaccorde beaucoup d’importance au droit musulman. Cette doctrine seretrouve dans le Golfe persique et en Indonésie.
v  Les Hanbalites

(D’Ahmad ibn Hanbal, mort en 855) : ce sont les plusrigoureux et les plus conservateurs dans leur vision de l’islam. Leurdoctrine repose sur une interprétation littérale stricte du Coran.
Ce mouvement se retrouve essentiellement en Arabie Saoudite.
v Le Soufisme

Le Soufisme الصوفيةest apparu avec l'Islam, il trouve ses racines dans l’orthodoxie Sunnite, mais il a évolué vers les dissidences Chiites. Il s'agit d'une organisation initiatique ésotérique et contemplative. C’est l’élan de l'âme à l'intériorisation, l'amour et la contemplation de Dieu. Le Soufisme déborde d’esthétique verbale poétique influencée par le monachisme Chrétien. Ajoutons que certains pratiquent le Soufisme par la danse en tournant autour du même point avec des mouvements suggestifs du corps invoquant les grâces de Dieu. C’est la Tarika des Derviches. Le Soufisme est présent dans tous les pays Islamiques, sous diverses formes.
v Le wahhabisme

Le Wahhabisme الوھابيةest un mouvement ultra-orthodoxe extrémiste apparu au Hedjaz en1745. Ce courant rejette tout enseignement différent de ses croyances parce que considéréhérétique. En 1994 le Mufti Abdul-Aziz ben Baz, haute autorité Saoudienne, ordonne ladestruction de plus de 500 mausolées Islamiques, même les tombes de la famille du Messagern’ont pas été épargnées. Les Boudhas détruits par les Talibans en sont un exemple del’extrémisme de ce courant.
v Le Salafisme

Le Salafisme est un mouvement traditionaliste Sunnite qui prône le retour aux origines de l’Islam du Coran et de la Sunna, qui désigne aujourd’hui une mouvance fondamentaliste. A l’exclusion de son extrémisme djihadiste, il serait la version Islamique du mouvement de
Mgr. Lefebvre en France, ou des Evangélistes ultra conservateurs aux USA, ou du Parti Shass Israélien. Le Salafisme est pratiqué par de nombreux Fidèles dans tous les pays Islamiques.

III-Enjeux défis des deux courants
     A-Géopolitiques
En dehors de l’aspect religieux, ces deux courants de l’Islam se disputent un leadership politique dans la région. D’une part les chiites sous la houlette de l’Iran et d’autre part les sunnites avec comme locomotive l’Arabie Saoudite. Ainsi chacun de ces deux essaie de faire régner sa suprématie dans cette partie du monde. Ce conflit s’étend de plus en plus en dehors des frontières des deux géants dans cette région. C’est ce qui fut à l’origine de la guerre du Yémen où les rebelles Houthis avec l’aide de l’IRAN ont réussi à exiler depuis 2014 le premier ministre Abd RAHB Mans HADI loin de son pays.
En Syrie aussi on constate à peu près la même situation avec le régime de Bassar Al Assad, le président chiite qui continue toujours de s’accrocher à son pouvoir malgré l’importante pression de lacommunauté internationale. Cependant Bassar ne serait toujours pas au pouvoir s’il ne bénéficiait pas de l’aide de la Russie. Contrairement aux autres puissances occidentales comme la France qui prônent l’exclusion de la Syrie dans le règlement du conflit, Vladimir Poutine soutient son allié et constitue un soutien de taille pour lui. Et pour atteindre leurs objectifs, les objectifs sont allés même jusqu’à armer les rebelles pour évincer Bassar mais en vain.
     B-Culturels
Cependant ce différend entre ces deux courants de l’Islam se manifeste sur le plan culturel avec certaines pratiques culturelles comme le port du voile intégral appelé  encore BURQA, l’appel à la prière et beaucoup d’autres habitudes.Aussi bien les arabes que les perses ils ont introduit certaines pratiques culturelles dans la religion au point de les prendre pour argent comptant. Ces différencesviennent accentuer le très antagonisme qui existe entre ces deux courants. Et malgré tout cela chiites et sunnites continuent de vivre je ne dirai pas en harmonie mais dans beaucoup de pays où l’Islam est majoritairement représenté.







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